« Bizarrement, je crois que le fait le plus marquant a eu lieu à notre retour en France.
Nous avons été déboussolés l’espace de quelques jours : aller faire nos courses à Super U ? pourquoi donc ? ça n’était pas comme ça là-bas où tout s’achète dans la rue ! Ne croiser dans les rues que des engins motorisés ! Où sont passés les zébus et les vieilles charrettes avec leurs grandes roues en bois ?
Rouler sans se poser de questions, alors qu’il fallait sans cesse observer la route ou la piste pour éviter la multitude de nids de poules (ou plutôt de dinosaures).
Et puis bien sûr ne rencontrer que des visages blancs ! Nos cousins malgaches sont noirs et au bout de trois semaines, nous l’étions aussi inconsciemment.
Sinon, sur place ce fut une expérience que nous n’oublierons pas, pour des tas de raisons.
Le voyage d’agrément fut un vrai plaisir, nous permettant de traverser Madagascar d’Est en Ouest en empruntant la route nationale 7 conduits par Sata un jeune guide de Tana « trouvé » sur le forum du Routard : les faits les plus marquants furent la beauté du parc de l’Andringinta, notre émotion en voyant ces petits enfants poussant leurs carrioles remplies de bidons d’eau, en pleine chaleur, pendant des km et des km sur la RN7 du côté de Sakaraha, ou bien ces pauvres paysans, hommes femmes et enfants courant en pleine nuit sur la route, à la poursuite de bandits qui venaient de voler leur troupeau de zébus vers Sahambavy.
Mais aussi :ces haltes paradisiaques au Trou du commissaire ou à Ifaty , à déguster un plat de langoustes grillées sur la plage pour le prix d’un cheese-burger ou ces ballades dans les rizières près de Antsirabe.
Et puis, un peu déçus d’arrêter là cette belle escapade, nous avons pris l’avion vers Tamatave, pour rejoindre Terre des Enfants que nous ne connaissions bien sûr qu’à travers notre implication ici à Vergèze.
La déception s’arrêta dès notre arrivée devant la Maison de Pierre : après avoir fait quelques centaines de mètres à pied sur la rue Manangareza (la piste plutôt avec ses trous et ses bosses habituels), nous voici devant la bâtisse que nous avons tous vus sur les bulletins ou sur internet, avec ses volets bleus et le logo jaune TDE peint sur la façade blanche.
J’ai un petit pincement au cœur, qui se renouvellera à plusieurs reprises pendant cette semaine passée ici à Tamatave : En voyant les tout petits du foyer Antoine, si abandonnés mais aussi si joyeux d’avoir un nouveau foyer, à boire et à manger, les plus grands de l’école Antoine entonnant un « à la claire Fontaine » pour nous accueillir et dégustant une glace à la sortie des classes, les ados du foyer Olombaovao accrochés à leur portable et un peu indifférents mais certainement heureux d’avoir un toit , les dizaines de parrainés reçus à l’ONG par Myriam, Dany, Monique et Flo, expliquant pour certains leur détresse et priant pour que leur parrainage ne s’arrête pas et enfin la rencontre avec notre filleule Natacha que nous ne connaissions qu’à travers nos échanges de courriers.
Ce séjour fut aussi l’occasion de cotoyer toute l’équipe Malgache locale (Odette, Claudine, Romy, Clarisse, Lydie, Liva, Sebastien) qui nous ont accueillis chaleureusement et avec qui des contacts se sont noués pendant ces longues journées passées à essayer de colmater une fuite ici, réparer une serrure là, cogiter sur les travaux de rénovation du foyer Antoine avec Floréal et Pascal, mesurer le débit Internet avec Jacques Monteil ou installer une imprimante, chose éminemment ardue quand il n’y a pas de courant(1H00 sur 2 à Tamatave), ou réfléchir à une solution en énergie solaire.
Enfin ce fut aussi la rencontre avec les étudiants (les petits parrainés grandissent et ont toujours besoin de soutien), motivés et enthousiastes à l’idée d’un projet numérique/internet à la maison de Pierre et avec qui nous partageâmes un match de foot pour terminer notre séjour.
En bref, un souvenir extraordinaire de ce pays, où corruption et misère sont le lot quotidien de beaucoup, mais qui demain pourrait sortir la tête de l’eau, ne serait-ce que si le tourisme redémarrait : à vos valises !! »
Myriam et Jacques Poulet
« Nous voilà de retour à Madagascar après 4 ans d’absence accompagnés de Myriam et Jacques pour qui ce pays est une découverte, nous retrouvons Mada encore plus pauvre, il semblerait que le temps se soit arrêté mais seulement pour certains…de gros 4×4 circulent à côté d’une population totalement démunie.
C’est à Tana que nous commençons avec la découverte de l’école la Ruche où nous avons pu voir les travaux du préau et de la cour; merci à Rolland pour cet accueil ! Notre séjour débute par un long périple de 15 jours le long de la nationale 7,nous découvrons des paysages fabuleux et nos rencontres avec les malgaches sont toujours exceptionnelles mais les conditions de circulation ,avec des infrastructures qui se sont beaucoup dégradés depuis notre précédent séjour , restent très difficiles, notre jeune guide nous prévient des risques si nous devions sortir le soir après 17h..effectivement la sécurité reste l’autre point noir de ce pays.
La population active espère qu’avec le nouveau gouvernement la corruption soit vraiment combattue , nous aimerions tellement qu’on les écoute.
Dans la dernière partie de notre séjour nous attaquons notre mission qui consiste à expertiser les sources d énergie et les accès à internet ainsi que de rencontrer nos filleuls. Nous découvrons la maison de Pierre mais surtout une équipe de Terre des Enfants très motivée qui nous a réservée un accueil très sympathique , le professionnalisme du personnel est à souligner, car durant toute la semaine ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour répondre aux différents questionnements ou déplacements nécessaires à la mission.
Expertise sur l énergie ou plutôt le manque d’énergie sur le foyer Olomboavoa mais aussi la Maison de Pierre siège de l’ONG.
Le constat fait lors de notre séjour d’une semaine :
Coupure d électricité de 4 a 5 heures et jusqu’à 12 h par jour. Les hôtels où nous avons séjourné sont équipés de groupe électrogènes et de panneaux photovoltaïque en appoint, nous pensons étudier ces solutions à notre retour.
Aujourd’hui la Jirama (Compagnie nationale de desserte en électricité) alimente la 2ème ville de Madagascar avec une énergie en grande partie fournie par des groupes électrogènes, nous avons constaté une très forte croissance des constructions, la population espère pour tous avoir accès à l électricité…
Mais ce qui nous a finalement marqués le plus ce sont tous ces visages et ces jeunes espoirs que nous avons rencontrés dans nos foyers et écoles, l’essence pour le moteur des bénévoles que nous sommes. »
Dany et Pascal Chacornac