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URGENCE ALIMENTAIRE par Floréal GRACIA

MADAGASCAR: 44% de la population concernée par la sous-alimentation

jeudi 15 avril 2021          | Mandimbisoa R.  (Madagascar Tribune)

La situation est critique en matière de sécurité alimentaire.

Le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que 44% de la population est concernée par la sous-alimentation en 2 020 à Madagascar. Ainsi le pays occupe, le 114e rang sur 117 pays dans le monde selon l’indice de la faim, et le 108e rang sur 113 pays selon l’indice global de sécurité alimentaire.

Cette sous-alimentation est liée à une production nationale qui n’arrive pas à suivre la croissance démographique galopante. Par conséquent, la pauvreté élevée de la population,  l’enclavement de certaines zones rendent difficile l’acheminement des denrées alimentaires. De plus, les scores de diversité alimentaire des ménages sont déplorables. Le régime est essentiellement glucidique (céréales à 79%) influencé par une réduction de la disponibilité en fruits et légumes, poissons et fruits de mer, viandes et abats, lait et œufs depuis la période post-indépendance.

Le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA) précise dans un communiqué relatif à cette situation que « le système alimentaire malgache peine à fournir des moyens d’existence et des emplois décents à ses acteurs. Le secteur agricole ne contribue qu’à hauteur de 20% du PIB. Il génère peu de ressources pour les exploitations agricoles en majorité familiales ».

Le changement climatique pousse Madagascar au bord du désastre humanitaire (RFI  le 27 juin 2021)

La sécheresse s’accentue

Le sud de Madagascar fait face à une sècheresse inédite. Les rares pluies ont entraîné des nuées dévastatrices de criquets et de chenilles processionnaires. La population est au bord de la famine. Dans les années à venir, la population va devoir changer radicalement ses habitudes pour pouvoir survivre.

Avec trois années de sècheresse successives et des conditions climatiques particulièrement difficiles cette année, le sud de la Grande île subit de plein fouet les conséquences du changement climatique.

« Entre décembre et février, il n’y a pas eu une seule goutte de pluie. Et c’est normalement la période des pluies et des semailles, donc les gens se sont retrouvés quasiment sans culture, rapporte Jean-Luc Siblot, coordinateur des urgences pour le Programme alimentaire mondial à Madagascar. Le phénomène s’est amplifié cette année avec des vents de sable inacoutumiers dans cette région qui ont balayé le peu de culture qu’ils avaient. »

Conséquence, 1,130 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire sévère. La population est au bord de la famine et beaucoup de démunis migrent vers les villes pour tenter de subsister.

« Au mois de janvier, vous passiez dans certaines régions du sud, c’était des paysages typiques du Sahara et les gens n’ont absolument pas la même culture que les gens qui habitent le Sahara. Il va donc falloir que les gens s’adaptent, mais aussi que le gouvernement, les ONG regardent le problème d’une manière complètement différente pour que les gens puissent survire dans ce genre de climat. Mais ça va être très compliqué, il va falloir des moyens très importants », conclut Jean-Luc Sibiot. Il regrette en fait déjà un manque de moyens. L’aide humanitaire ne permet déjà pas de juguler la crise aujourd’hui selon lui.

► À lire aussi : Madagascar: «On assiste à une détérioration progressive de la situation alimentaire depuis des mois»

Réagir, agir face à la sécheresse

Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, David Beasley, a fait part de sa stupeur au retour de son déplacement dans l’île de l’océan Indien. « Les familles vivent de fruits des cactus, de feuilles de plantes sauvages et de sauterelles depuis des mois », témoigne-t-il. « Cela n’arrive pas à cause d’une guerre ou d’un conflit. Cela arrive à cause du changement climatique. Ce pays n’a quasiment aucune responsabilité dans le changement climatique, mais il est celui qui en paye aujourd’hui le prix le plus fort. »

Dans un tweet, il prévient : « Si nous n’agissons pas maintenant, près de 500 000 personnes seront en situation de famine dans les tous prochains mois. »

Madagascar : silence, on meurt | ARTE Reportage –

Un reportage remarquable sur une crise qui n’a quasiment pas été médiatisée. Des villages reculés de l’extrême Sud, difficilement accessibles, sont devenus des mouroirs… Avril 2021.

https://www.arte.tv/fr/videos/102341-000-A/madagascar-silence-on-meurt/