Des bénévoles de Terre des Enfants ont vécu la rentrée scolaire parmi les enfants de Nouna.
Les difficultés sont nombreuses pour tous les écoliers du Burkina Faso, et Terre des Enfants s’attache à lutter activement contre l’échec scolaire de la maternelle à l’université, des plus déshérités et des plus éloignés des grands centres.
Nouna région de La Kossi: un foyer d’hébergement pour les collégiens et lycéens, des parrainages pour des étudiants, des activités rémunératrices et formatives (secrétariat, maraîchage avec installation d’un micro arrosage), un jardin d’enfants pour les moins de 6 ans, des activités pour les primaires en difficultés, une alphabétisation et des formations artisanales pour les enfants mendiants.
Nous n’oublions pas le soutien à plusieurs orphelinats qui accueillent des bébés sans maman.
RENTREE SCOLAIRE : « Rentrée colère…. »
Le gros problème dans tout le pays est d’obtenir une place dans un établissement, du jardin d’enfants jusqu’en second degré. A Nouna (20 000habitants), on comptait 80 élèves sans place en seconde. De nombreux établissements privés se sont créés… et rapportent gros. Les étudiants connaissent un gros retard à cause des grèves du début de l’année 2009-2010. Ceux de Ouagadougou passent actuellement les premiers partiels, le début de l’année académique 2010 211 n’est pas prévu avant avril. Système LMD : les étudiants doivent aller chercher leurs documents sur Internet, ce qui nécessite d’avoir un ordinateur portable ; les étudiants se postent à proximité des grands hôtels pour capter la wifi…
Point fort de la rentrée à Nouna : la conférence très suivie de Laurent Bado, (député de l’opposition, professeur d’université), dans la salle d’EDEN, sur le thème « éducation et emploi ». Le système éducatif est inadapté aux besoins du pays : il forme massivement en enseignement général, avec un taux d’échec impressionnant et sans débouchés dans le secteur tertiaire, alors qu’on a besoin de techniciens et d’agriculteurs qualifiés. De plus en plus nombreux dans les villes, trainent des jeunes « qui n’ont pas accès à la mondialisation et qui ne retourneront pas à la tradition ». Laurent Bado alerte sur le danger (délinquance, drogue…) qu’ils constituent en ville : le clivage entre « lettrés » et paysans analphabètes fait irruption jusque dans les familles, où le respect envers les pères est battu en brèche, faisant vaciller toute une société.
Il nous a beaucoup éclairés sur les difficultés et le devenir des élèves, et nous en avons tiré des résolutions pour un prochain projet de formation plus adaptée aux besoins des élèves et du développement rural.
Nous montons à présent un projet de Collège technique agricole sur le modèle des Maisons Familiales Rurales et accueillons les compétences qui nous permettront de le mettre en place, sachant qu’on trouve sur place des professeurs d’enseignement secondaire et des techniciens agricoles et en élevage.
L’organisation de la rentrée est bien rodée avec Colette (fiche d’inscription, petite participation financière et en « tines » de céréales) l’intervention du responsable Georges est nécessaire pour assurer les places dans les établissements. Plusieurs donateurs ont commencé à se cotiser pour acheter le pain du matin (voir bulletin d’automne).
La première réunion a eu lieu avec les pensionnaires pour rappeler l’esprit du Foyer : entraide, responsabilités, partage des tâches, projets..).
Seul le soutien attentif de Georges, de Moussa (un ancien du Foyer, responsable du secrétariat) pour la gestion, des étudiants, et de leurs camarades du Foyer, permet à tous une bonne réussite dans leurs études secondaires et par la suite pour les étudiants. Un grand nombre de livres (français, mathématiques, annales, dictionnaires…) ont été acheminés par le camion de « transhuma », arrivé fin octobre à la capitale.
Des membres de MICROFEL ont séjourné du (30-10 au 5–11 ) au Foyer pour installer avec les jeunes toute la tuyauterie pour l’eau domestique et d’irrigation dépendant du forage (qui sera fait sous peu) : quatre grosses « couronnes » et les raccordements offerts, et transportées dans le camion Transhuma. Ils ont fait avec le technicien agricole le plan de la micro irrigation et démontré les raccordements qui seront faits au moment des plantations.
Ils ont été agréablement surpris d’avoir accompli tout ce chantier en si peu de jours (4) : les élèves du Foyer se sont donnés sur leur temps libre, heureux de voir se concrétiser leur rêve de jardin maraîcher. Ils ont aussi réorganisé la bibliothèque avec un inventaire.
La maternelle : Georges, est ici secondé par Clovis, un instituteur bénévole.
12 stagiaires ont été formés par Régine sur les bases des pré-requis du CP1 et 4 moniteurs ont été retenus pour encadrer les enfants : 44 enfants de moins de 6 ans de familles très nécessiteuses des secteurs 1 et 5 de Nouna. Ils sont accueillis dans la salle EDEN avec des aménagements (financés par « Enfants de Florac et d’ailleurs ») du mobilier (par « MAE Solidarité Hérault ») du matériel pédagogique et des livres, patiemment collectés puis transportés par le camion de Transhuma.
Au futur budget : les salaires des moniteurs ( pendant les grandes vacances, une garderie payante sera organisée, pour leur permettre d’avoir un salaire sur toute l’année), et un sandwich quotidien pour les enfants. Le Dr Flaissier de Lasalle ira faire en février des visites médicales et des soins de tous nos enfants, ainsi qu’une sensibilisation aux gestes de santé.
Clovis va accueillir tous les jeudis les enfants du primaire en difficultés pour leur proposer un soutien scolaire.
A partir de janvier (lorsque des moniteurs auront été formés par l’inspection de l’enseignement) l’alphabétisation du groupe d’enfants mendiants va débuter, avec leur formation en artisanat : bronze, cuir, bogolan…
ORPHELINAT DE MME GNIFOA à NOUNA :
Des enfants de tous âges y vivent dans une cour traditionnelle, sans autre soutien régulier que TDE. Mais par la suite, son grand cœur lui faisait accueillir de plus en plus d’enfants dans des conditions de plus en plus mauvaises, comme on peut le voir assez fréquemment dans d’autres orphelinats à travers le pays . Après des entretiens, un signalement à l’Action Sociale, nous avons tout de même tenu notre promesse de soutien, dans l’espoir de mieux.
Bonne surprise : elle est venue avec son neveu (formé dans le social) nous expliquer comment elle tient sa maison maintenant… exactement ce que nous lui avions conseillé : elle n’a plus que 20 enfants à sa charge, ayant ramené en famille plusieurs bébés et enfants. Le neveu a établi une fiche par enfant, qui est déclaré à l’Action Sociale, il y a un projet pour chacun. Ils vont tous à l’école, et les 3 à 6 ans au jardin d’enfants. Un orphelinat, son rêve, va être financé par une donatrice et elle le dirigera.
Nous sommes allés lui rendre visite et trouvé la cour en bon état de propreté les jeunes enfants vêtus, propres et bien portants, les grands revenaient du champ. Plusieurs jeunes femmes l’aident. Cette visite confirmait les bonnes résolutions, et nous le lui avons dit. C’est encourageant, et nous ne pouvons que continuer.
ORPHELINAT NONGMA (l’amour) de SADBA (40km de Ouagadougou) :
Il est né il y a 30 ans de la volonté d’un pasteur, Mr Digma Timbila Idrissa, de retirer de la tombe de leurs mères mortes en couches, les bébés ensevelis vivants avec elles. Il revenait de Côte d’Ivoire, était un éleveur prospère, il leur a consacré tout ce qu’il avait. Cela n’a pas été sans difficultés : au bout de 10 ans il a obtenu des aides d’associations, mais son second un « lettré », les a détournées pour créer un autre établissement, ce qui a mis Nongma en faillite. Un chef d’entreprise burkinabè est venu assurer le quotidien, qui reste précaire. Terre des Enfants a contribué avec un don exceptionnel, et le suivra régulièrement.
Aujourd’hui le gros problème ce sont les cas de « ses » jeunes abandonnés de plus en plus sans entourage et appui familial, sans véritable insertion, qui se posent. Ils ont été sauvés, éduqués, formés, il y a eu des réussites, mais le parcours de beaucoup a été très difficile, car il est compliqué de les rendre autonomes sans une famille autour. On se pose alors un peu tard la question du projet de vie de l’enfant qui devrait être réfléchi dès son arrivée dans une structure : va-t-il pouvoir retourner dans une famille pour y être élevé avec ses « frères » ? C’est le cas d’un petit nombre de bébés confiés lorsque leur mère est morte et que personne ne peut les prendre en charge à cet âge. Mais pour une majorité, ne pas leur trouver une véritable famille adoptive, c’est les voir devenir des enfants des rues, mendiants, délinquants, petites bonnes (« payées » 2500FCFA/ mois, soit moins de 4€) voilà un avenir ?
Le fondateur est maintenant prêt pour des projets d’adoption des plus jeunes enfants sans autre solution : avec un soutien de Georges, qui l’aidera à mettre les enfants en règle. L’Action Sociale devrait rédiger une enquête pour tout enfant placé ( le pasteur ne les accepte pas sans qu’ils soient signalés), mais n’a pas de moyens pour le faire : l’orphelinat doit alors la demander et payer les frais. Tout enfant a droit à un acte de naissance, mais qui va le faire et payer pour un enfant trouvé ? encore l’orphelinat. Et la plupart ne connaissent rien des démarches à effectuer.