L’utilisation massive de l’informatique et d’internet a bousculé les habitudes.
A Madagascar, on peut vivre misérablement sous un toit en paille comme ses ancêtres, et surfer au cybercafé pour communiquer avec le monde. Paradoxe moderne … Le fonctionnement même de l’ONG se trouve en rapide évolution.
Depuis 3 ans, l’ONG est équipée de matériel informatique, de bureaux fonctionnels, dans des nouveaux locaux de la Maison de Pierre. Il faut maintenant jongler avec les coupures d’électricité quotidiennes, les surtensions qui « fusillent » les ordinateurs, le climat humide qui les use rapidement, les virus informatiques qui demandent une maintenance constante, les frais de fonctionnement qui explosent. Il a fallu embaucher du personnel qualifié et former les salariés en poste. Beaucoup d’habitudes ont dû changer. Nous sommes passés des rapports-papier longs et chers à envoyer, des lettres des filleuls 1 ou 2 fois par an, à des comptes sous Excel qu’on peut consulter et contrôler quotidiennement.Des dizaines de mails, de photos, de pièces scannées, de demandes, de réponses, de devis, sont échangés chaque semaine entre la direction Malgache et les responsables Français. Une accélération parfois difficile à gérer, qui génère stress et incompréhension.
Les parrainés, lycéens et étudiants, se sont engouffrés dans cette brèche. Dés qu’ils savent par mail qu’un colis, une bourse, une aide, un vélo, voire une lettre, leur est attribué ou promis, ils se précipitent au bureau et exigent la remise immédiate.
Mais l’ONG ne peut donner que ce qu’elle a. On ne peut verser une aide financière qu’après la certitude que l’argent est bien disponible en banque. Après contrôle que le versement est justifié … Chaque responsable pense aux 500 autres parrainés et au millier d’enfants qu’on scolarise, qu’on soigne, qu’on nourrit chaque jour, grâce aux 45 salariés Malgaches.
Mais chaque jeune pense à son besoin personnel et c’est humain. Le jeune parrainé se précipite alors sur le net pour alerter les parrains des « retards de versements » et se plaindre de la mauvaise organisation. Les parrains se précipitent à leur tour sur le net pour alerter les responsables Français du « problème ». En résumé, c’est formidable d’avoir des nouvelles rapides et directes de ses filleuls.
Mais il faut savoir écouter, attendre et relativiser aussi beaucoup les choses. Certains filleuls demandent des choses fantaisistes, en se disant que ça peut marcher, surtout si on court-circuite le bureau et les responsables … Et les parrains sont tous riches ! Bien sûr, les filleuls ont besoin d’argent pour leurs études, mais avant de décider et de promettre une aide, demandez conseil !
Claudine, responsable des parrainages à l’ONG, suit les problèmes des filleuls, qu’elle connaît parfaitement. Les fiches de suivi sur chaque jeune permet de contrôler l’assiduité scolaire, les notes et les besoins. Il faut absolument passer par ce filtre, ainsi que par les responsables Français, pour éviter les notes « arrangées », les inscriptions injustifiées, les « nécessités » dictées par la famille ou les copains… Les responsables français reçoivent quotidiennement des sollicitations. Ils sont tous BENEVOLES, souvent retraités, et doivent s’improviser à la fois secrétaire, informaticien, comptable, architecte, pédagogue, éducateur, psychologue, chef d’entreprise, DRH, banquier…
Et œuvrer pour récolter les plus de 1000 € par jour nécessaire à la bonne marche de l’ONG !
Soyez compréhensifs si on ne vous répond pas par retour de mail. Mais sachez que chacun de nous reste à l’écoute et agit !
Merci, Floréal Gracia