Compte rendu du séjour à Moldova Noua du 7 au 14 octobre 2014.
Partis mardi 7 octobre à 6 heures sous une pluie battante, nous traversons l’Italie du Nord et nous faisons étape en Slovénie pour une nuit calme. Au matin nous reprenons la route, et traversons rapidement grâce aux autoroutes la Slovénie, la Croatie, la Serbie pour arriver mercredi vers 17 heures à Moldova Noua où Véselina et Bogdan nous attendaient. C’est chez eux que nous avons dormi, pris les petits déjeuners et les repas du soir, nous les remercions pour leur accueil. Nous sommes trois : Nicole et Bernard tous les deux parrains et moi-même responsable de l’action.
Nous revenons persuadés que l’aide apportée par les parrainages est très importante, pour les enfants et les familles aidées 75 au total et pour le personnel des écoles, notre soutien donne un dynamisme aux deux écoles maternelles, et notre représentante bénévole Véselina elle aussi par son travail apporte un plus aux enfants car elle enseigne chaque semaine le français.
Notre programme :
Jeudi 9 Octobre :
Toute la journée à l’école maternelle N°1, puis ballade au bord du Danube, et visite en fin d’après-midi à Mr et Mme Scobercéa pour parler des comptes financiers et de la situation socio-économique de Moldova Noua.
Vendredi 10 Octobre :
Toute la journée à l’école maternelle N°2, nous offrons un goûter à tous les enfants et donnons 5 colis famille à des familles très pauvres. Chaque soir nous travaillons avec Véselina pour les informations sur chaque enfant parrainé.
Samedi 11 Octobre : journée tourisme à Timisoara avec Véselina et Biliana sa fille.
Dimanche 12 Octobre :
Journée avec Loréna Scobercéa Rusovan, elle continue avec son association MLI leur aide pour les filles victimes d’abus sexuels, nous visitons les deux maisons familiales Déborah 1 et Déborah 2 que Terre des enfants en 2001 avait aidées à rénover et à construire. Parallèlement à l’action sociale Loréna a toujours mis en place des projets agricoles, et le résultat en 2014 est fantastique : potager, 2 vergers, 4 grandes serres dont 2 chauffées, champ de fraisiers.
Lundi 13 Octobre :
Retour dans les deux écoles maternelles, ballade dans la cité, et nous offrons un goûter aux enfants de l’école N°1 et donnons 5 colis familles. Nous invitons Véselina et Bogdan au restaurant pour notre dernière soirée.
Mardi 14 Octobre : nous quittons Véselina et Bogdan à 8 heures, aucun souci en route, mais beaucoup de camions dans la région de Venise, aussi quand la nuit tombe et que la circulation petit à petit se ralentit nous décidons de poursuivre non-stop et nous arrivons à Boisset Gaujac à 5 h 30 du matin.
La situation économique et sociale.
Après avoir écouté les uns et les autres : la Directrice Lavinia, Véselina, Anca l’économe qui fait les achats pour la cantine, l’assistante médicale, M. Scobercéa, voici des problèmes toujours présents et des changements positifs.
12 000 habitants répartis entre le village de Moldova Noua, Moldova Veche, Orasul Noua. Les deux écoles maternelles sont situées au cœur de la cité de béton Orasul Noua (ville nouvelle construite en pour loger les ouvriers venus de toute la Roumanie pour travailler dans l’usine de cuivre nouvellement ouverte en 1960 ). Après la fermeture de la mine de Cuivre en 2006 il n’y a pas eu de reconversion, la région de Moldova Noua est restée une zone défavorisée, à l’écart, difficile d’accès car il faut traverser une zone montagneuse, les jeunes avec ou sans diplômes sont partis, beaucoup à Timisoara où le taux de chômage est 0 %. Les anciens mineurs sont devenus chômeurs puis sans ressource, travaillant occasionnellement, certains sont repartis dans leur région d’origine, d’autres sont partis à l’étranger chercher du travail. L’agriculture familiale n’existe presque plus autour de Moldova Noua, beaucoup de terre sont à l’abandon, en friche.
Le gouvernement ne soutient pas du tout l’agriculture familiale et les jeunes se détournent de l’agriculture, n’ayant pas d’aide pour acheter le matériel (de plus il n’y a pas de section agricole au Lycée de Moldova Noua). Autre handicap terrible : la mine de cuivre a pollué toute une zone de terrains en y déversant des boues qui ont formé des remblais de pyrite. Quand le vent souffle et c’est très souvent à Moldova Noua ce vent transporte toujours cette fine poussière blanchâtre se déposant partout, très nocive pour les jardins potagers mais aussi pour la santé des enfants et des adultes.
Des changements positifs maintenant : la situation économique s’améliore un peu grâce à l’implantation en 2012 d’une firme internationale DELPHI, usine de câbles pour les voitures qui emploie 800 personnes. Le salaire est de 140 Euros et des tickets de 2 Euros par jour sont donnés aux ouvriers. Une partie des ouvriers viennent de Serbie, car les jeunes de Moldova Noua ne sont pas motivés par ce travail en usine, beaucoup de femmes elles y travaillent. Autres usines : une usine de confection italienne 200 employés, une usine de câbles pour ordinateur ARANTRONIC 100 employés, une usine de câbles pour la télévision 10 employés, une usine qui construit des containers pour stoker les céréales. L’hôpital a été en partie rénové, la Mairie réhabilite aussi des logements vétustes dans la cité.
Moldova Noua est la première ville que le Danube rencontre après son passage en Serbie, une zone de promenade et une aire de jeux pour les enfants a été aménagée, permettant aux familles et aussi qu’aux pécheurs d’accéder au bord de ce magnifique fleuve qui est un atout touristique et économique. D’ailleurs une zone portuaire avec 4 silos pour stoker céréales de l’arrière-pays ont été installés.
Le lycée technique va mettre en place une formation agricole et formation bois. Le marché couvert de Moldova Noua accueille les petits paysans des villages alentours proposant légumes, fruits, conserves, lait à des prix corrects. Trois petits super- marchés, une salle évènementielle (pour les mariages, réception) sont installés à la périphérie de la cité ainsi que 3 banques. Et comme disait Véselina nous avons banques et super- marchés mais nous n’avons pas l’argent. Les salaires sont bas (140 Euros) les retraites 80 Euros, les allocations pour les petits enfants de la naissance à 2 ans : 40 Euros par mois puis de 2 à 18 ans 10 Euros par mois. La mairie veut donner une aide sociale pour les mères seules.
Les écoles maternelles et la cantine
Une seule directrice Lavinia pour les 2 écoles maternelles et directrice aussi de 8 jardins d’enfants. Appelée à se rendre chaque semaine à Résista où se trouve l’inspection académique elle est surmenée par un travail administratif, stressant.
Les effectifs : depuis 2010 ils ont baissé, 170 enfants.
- Ecole maternelle N°1 : 75 enfants dont 37 parrainés
- Ecole maternelle N°2 : 95 enfants dont 38 parrainés.
Depuis deux ans les écoles maternelles ont perdu leur groupe d’enfants 6 à 7 ans, c’est désormais dans les écoles primaire que se fait l’apprentissage de la lecture, écriture, calcul, c’est la classe appelée classe 0. Aussi une classe Anté-Préscolaire a été créée cette année à l’école maternelle N°1 accueillant des enfants de 1an et demi à 2 ans, une institutrice ayant fait une formation spécialisée encadre ce petit groupe. La crèche est située dans les locaux de l’école maternelle N°2.
Nous avons passé un moment dans chaque classe, Nicole racontant un conte, Bernard lui ayant choisi le thème des moutons.
Les enfants ont chanté, récité des comptines, les plus grands en français. Tous les enfants ont accueillis avec joie les livres et les pullzes en bois que vous nous aviez confiés.
Les institutrices aidées d’une assistante maternelle travaillent soit le matin 8 h à 12 h soit l’après-midi 12 h à 16 h. Les jeunes institutrices ne sont pas titulaires de leur poste, les inspections sont fréquentes, une baisse des effectifs des enfants peut signifier pour elle perte de leur emploi.
Une assistante médicale ayant fait 3 années d’études médicales partage son temps entre les deux écoles, elle fait le suivi de la santé des enfants, donne les premiers soins, aide à l’élaboration des menus, qui doivent être choisi dans le classeur élaboré à Résista, et respecter les directives européennes (nombre de grammes, nombre de calories). La cuisinière est maintenant seule pour préparer les repas, deux ménagères sont là pour aider au repas, 2 hommes eux aussi travaillant soit le matin ou l’après-midi s’occupent de l’entretien des locaux et surtout de la chaudière pendant l’hiver.
Au total c’est un groupe de 30 personnes qui travaillent dans les 2 écoles maternelles, tous très conscients que les parrainages maintiennent un nombre suffisant d’enfants, leur poste étant en conséquence eux aussi maintenu.
Les normes Européennes entrainent des contraintes draconiennes : pas de lait autre que le lait UHT très cher, plus d’un euro le litre, pas d’achat de légumes au marché car il n’y a pas de certificat de qualité, pas de viande de porc car elle est trop grasse, pas de poisson, pas de biscuit contenant de la crème (trop de calories) pour les goûters mais un laitage ou un fruit ou des biscuits secs , pas de préparation panée , une fois par mois permission de préparer des gâteaux , obligation de faire les courses chaque jour pour le pain, la viande, les laitage), affichage obligatoire des menus avec le nombre de grammes et de calories par enfant . En conclusion c’est au super marché que les courses sont faites chez LD le plus avantageux.
Au petit déjeuner une fois par semaine des céréales chocolatées avec du lait sont servies, les autres jours c’est une tranche de pain avec fromage et un peu de crudité (poivron) accompagnée d’une tisane.
Au repas de midi toujours en entrée une soupe avec un peu viande en boulettes, des légumes coupés très fin et des petites pâtes, puis une purée (polenta, pomme de terre), riz avec un peu de viande essentiellement du poulet. Pas de dessert en général à midi, un laitage ou un fruit (pomme, banane) est donné au goûter.
Le moment de la sieste.
Quelques prix : Viande de poulet : 5 Euros, Bœuf ou porc : 7 Euros, fromage : 5 – 6 Euros, Riz : 1.50 Euro le kilo, pâtes macaronis : 1.20 Euro le kilo, pâtes spéciales soupe 1.50 Euro, un litre d’huile : 1 Euro, banane : 1.5 Euro le kilo, pommes : 50 centimes le kilo, orange : 1 Euro le kilo, pain de 500 grammes : 50 centimes , carottes, pommes de terre, choux cru : 50 centimes le kilo, poivrons et persil : 1 Euro
Malgré toutes ces règles, Anca elle aussi maintenant seule économe pour les 2 écoles maternelles, fait excessivement bien son travail stressant et les repas sont bien préparés de façon traditionnelle, les enfants et les parents sont contents. Maintenant elle aspire à la retraite. La taxe pour les repas est de 6 Lei par jour soit 1.38 Euros, soit 30 Euros par mois comportant environ 20 22 jours ouvrables. Nous envoyons 25 Euros par mois, certains parents qui peuvent donne 4 à 5 Euros par mois. A la crèche la taxe est de 7 Lei. Chaque trimestre, notre trésorière « Terre des enfants » Thérèse Buchot verse le trimestre des parrainages sur le compte de l’association Nu Sunteti Singuri (depuis 2010 Terre des enfants doit verser l’argent sur un compte associatif roumain) à la Banque Commerciale Roumaine. Mr Scobercéa se charge de changer les Euros en Lei quand c’est favorable. Chaque mois Véselina indique à M. Sobercéa le nombre d’enfants qui ont été présents soit la somme de 23 Euros par enfant. M. Sobercéa verse l’argent à la Trésorerie à qui nous devons verser une commission de 2 % sur la somme totale. M. Scobercéa est toujours soucieux de garder une réserve d’argent. Anca vient chaque mois chercher l’argent des parrainages à la Trésorerie pour l’achat de la nourriture.
Mr Scobercéa et Véselina, nos deux représentants Terre des enfants.
Parrains suite à mon appel vous m’avez envoyé des dons, donner livres d’enfants, et vêtements. La somme reçue est 835 Euros, nous avons emporté avec nous la somme de 300 Euros. La somme restante 535 Euros sera envoyée début Décembre pour l’achat de lait pour le petit déjeuner. Nous avons offert un goûter aux 70 enfants et donner 10 colis pour des familles très pauvres.
Pour les goûters nous avons mis : une banane, un yaourt, biscuits, fromage, bonbons que nous avions emportés, soit la somme de 133 Euros. Nous avons préparé 10 colis famille contenant : un kilo de sucre, farine, riz, pâtes, huile, fromage, boites de pâtés, pain soit la somme de 103 Euros.
Somme totale dépensée : 236 Euros nous avons laissé 17 Euros à Véselina pour les envois des dessins des enfants, et 47 Euros sur le compte de Terre des enfants pour l’achat de lait. Avant notre départ nous avions bien partagé les vêtements pour les deux écoles maternelles, et avions confectionné un cartable pour chaque groupe (petits, moyens, grands, crèche) rempli de magnifiques livres et un sac avec des livres pour spécialement pour Véselina. Véselina va le lundi et le jeudi à l’école maternelle N°2 et le Mardi et Vendredi à l’école maternelle N°1 pour l’apprentissage du français.
Les écoles maternelles restent ouvertes toute l’année, fermant quelques jours autour des fêtes de Noël et de Pâques, et une semaine l’été pour un grand nettoyage et désinfection. Soyez assurés que l’enfant que vous parrainez vient très régulièrement à l’école, et il est content d’y aller.
En conclusion un séjour bien rempli, des écoles et des cantines dynamiques, des personnes consciencieuses dans leur travail. Merci à vous tous.
Amitiés à tous, Séverine
à voir également : soirée avec le groupe Héliotrope