Cette année 2012/2013 a vu les « événements du Mali », concerner, bien sûr, le Burkina voisin : de nombreux réfugiés sont y entrés, « On ne sait pas qui, on ne sait pas avec quoi » comme disait Georges. Ils ont dû être pris en charge, ils ont pesé sur les villages qui les ont accueillis, et il se posera longtemps des questions de sécurité : les contrôles sont renforcés, la délation est encouragée à la télévision. Des actes terroristes sont possibles, car le pays est une base arrière des militaires français, et le président est le « monsieur bons offices » de toutes négociations, donc mal vu des extrémistes.
Cette situation a pesé sur nos actions : les Flaissier n’ont pas pu réaliser leur voyage annuel pour la visite médicale, et l’organisation du travail de notre nouvel infirmier à Nouna. L’orphelinat de Bobo a eu moins de volontaires pour apporter du soutien, de la formation au personnel, de l’aide matérielle.
On a vu par ailleurs une saison des pluies dévastatrice, qui nous a coûté des suppléments budgétaires : inondation de l’orphelinat, et destruction de la toiture du bâtiment abritant le dortoir des filles et la classe d’éveil à Nouna. A Bobo, déménager encore demeure une question épineuse, mais à Nouna on a pu faire mieux, non seulement en réparant mais agrandissant pour accueillir une seconde classe d’éveil.
Mais nous avons vu du mieux, avec le retour de Georges en permanence à Nouna, relayé pour l’adoption par une nouvelle représentante. Nous avons vu débuter enfin la formation agricole, avec ses constructions en voûte nubienne, reçu des encouragements pour notre classe d’éveil avec des petits élèves du CP en réussite, vu une classe d’alphabétisation bien encadrée avec des élèves enthousiastes, pu inscrire tous nos élèves et filleuls à la mutuelle de santé, et reçu le soutien du ministère de la jeunesse et de l’emploi qui a recruté pour nous et même rémunéré des moniteurs.
Avec l’encadrement de Georges, on a pu mettre en place un Système d’Echange Local avec les cauris, qui motive beaucoup les élèves du Foyer et ceux de la formation agricole. C’est de cette façon que ces derniers sont rémunérés pour leur travail aux champs, paient leur scolarité et leur pension, et épargnent pour sortir de leur apprentissage avec âne et outillage.
Un exposé a été fait pour nos collègues des ONG de la CASE Burkina, qui se sont montrés très intéressés par cet esprit de donnant-donnant que nous recherchons tous. Les échanges faits dans ce cadre associatif sont à l’origine du transport de colis par camion Transhuma, la promotion du moringa, avec l’élaboration d’une plaquette sur les bonnes pratiques de culture et d’utilisation, et d’autres partages de compétences.
On ne peut passer sous silence le grave accident de Georges, dont il se remet lentement : il souffre toujours, il subit des séances de kiné, mais il peut conduire un peu sa voiture et suivre le travail aux champs, ce qui est bon pour son moral. Il ne cesse de remercier ceux qui l’ont réconforté par leurs coups de téléphone, leurs dons, et surtout TERRE DES ENFANTS qui lui a envoyé de quoi se faire soigner, alors qu’il n’espère un remboursement de l’assurance que dans 18 mois à 2 ans…Il a reçu au Burkina de nombreux témoignages de soutien, et par là, de reconnaissance de son engagement.
Il est toujours resté présent au Foyer et EDEN pour tenir son rôle et résoudre les problèmes liés à l’élargissement de nos actions. Et comme il ne peut plus se déplacer facilement à la ville voisine, seules demeurent des difficultés de communications internet, qui nous obligent à financer sur place une installation coûteuse mais indispensable.
Il a pu nous faire parvenir quelques compte-rendus faits avec nos moniteurs:
« Une école pas comme les autres
Bonjour
De retour de Dédougou, je me suis arrêté au champ pour voir, encourager les jeunes qui ont attaqué avec espoir la phase pratique de cette nouvelle école. C’est bientôt la saison des pluies; armés de haches, de machettes mais aussi de stylo et de carnet, les jeunes ont pris d’assaut leurs champs.
Dans le premier village où nous-nous sommes rendus (Bourasso), nous avons été très bien accueillis. « C’est ça l’école que nous voulons pour nos enfants » était le refrain qu’on entendait de nos visiteurs. Toutes les attentions sont sur nous dans le village. Déjà certains paysans sont venus pour savoir pourquoi on ne brûle pas tout ce qu’on coupe dans le champ. On ne brûle que les épines. On a un défi donc à relever. On va y arriver avec tous les efforts que nous réunissons avec votre soutien.
Notre souci actuel et qui peut être un grand handicap sont « les débordements sexuels ». Il nous faut revoir la tranche d’âge à recruter. En attendant, il faut gérer ces jeunes pendant deux ans. Notre arme actuelle est la sensibilisation sur la bonne gestion de son corps. Tidiane est le professionnel et je fais le reste par expérience. Ca semble marcher. En tout cas, cette nouvelle école est à travailler encore et à proposer à d’autres localités.
Merci à tous d’avoir accompagné l’idée de ce projet.
Amicalement Georges et les responsables de la formation agricole. »
Commentaires: des champs ont été mis à la disposition de la classe agricole, par plusieurs villages, avec comme effet la propagation de meilleures pratiques de culture (compostage au lieu du brûlage qui appauvrit les sols).
Les élèves recrutés sont plus âgés que prévu, par crainte d’ennuis autour du travail des enfants. Mais ils sont plus difficiles à gérer, et l’infirmier a été mis à contribution pour les sensibilisations, Georges étant l’éducateur de référence. Cependant ils sont très volontaires au travail et nous espérons que la formation leur sera profitable. Le prochain groupe sera plus jeune, conseils pris auprès de l’antenne locale du ministère de la jeunesse et de l’emploi.
« Bonne fête maman
Maman !
À chaque occasion événementielle, nous pensons à vous chères mères. Aujourd’hui nos pensées sont encore plus fortes vers vous car nous fêtons notre fin d’année scolaire. Dans cette tenue bien de chez nous, nous voulons que vous voyiez combien on a grandi aussi bien physiquement qu’intellectuellement.
MAMAN, l’amour que vous manifesté pour moi depuis deux ans m’a ouvert les yeux pour que je voie combien vous m’avez chéri pour me rendre heureux et utile. Filles de ménage, orphelines ou autres enfants vulnérables, nous n’attendions rien qu’une vie misérable, ne sachant rien faire de nos mains pour survivre et nous confirmer. Comme certaines de nos camarades et de nos aînées, nous serions devenues de filles – mères car nous sommes victimes des harcèlements sexuels pour notre pitance quotidienne.
MAMAN, tout ça c’est fini. Par vos soins, nous avons appris à lire, à écrire, à parler pour défendre nos intérêts. Nous avons aussi appris à coudre, à crocheter, à faire le savon, à teindre, pour nous être utile et servir aussi à notre société. Nous avons appris à nous protéger des maladies et des grossesses indésirées. Les gestes pour mon bien être ne sont plus un secret.
MAMAN, réjouis-toi car tu as atteint ton objectif. Vous faites de moi une future bonne mère. En attendant mon tour je souhaite à toutes les mères qui ont décidé de passer par TDE (MAMAN ) pour nous protéger en leur sein une BONNE FÊTE des mères.
Fraternellement vos protégées de l’alphabétisation TDE de Nouna.
On vous aime. »
Nouvelles du Centre Social de Dedougou
(Promotion féminine et protection maternelle et infantile que nous soutenons, plus dispensaire)
« Nous avons passé une année scolaire difficile avec le comportement des certaines filles et de certains parents qui mettent frein à la scolarité de leur fille en les donnant en mariage. Je vous envoie en pièce jointe, un cas que nous avons vécu au Centre Social cette année. Ce cas est parmi tant d’autres. Certaines traversent des situations difficiles.
Merci pour ce que l’association nous a donné comme soutien en cette année 2013. Nous avons reçu 1250Euro, dont 1000Euro pour le Centre et 250 Euro pour le lait des enfants malnutris. Nous avons pu acheter quelques boîtes de lait et cela a été un grand soulagement pour nous et pour ces enfants qui en ont besoin. Nos dépenses durant cette année ont donné un total 3 416 375 FCFA(5275€ ). Cela nous a aidé à faire face aux salaires des trois enseignants qui s’élève à 2 570 000FCFA, de payer nos factures d’électricité et d’eau avec un total de 280000FCFA pour l’année, et plus de 600000FCFA pour les autres dépenses du centre ( réparation des tables-bancs …)La participation des élèves pour la scolarité à donné un total de 350000FCFA, d’autres demandes nous ont permis de joindre les deux bouts pour cette année.
En ce qui concerne le travail des filles en cette année scolaire cela est satisfaisant. Pour la classe de CM2, nous avons présenté 25 candidates au Certificat d’Etude Primaire dont 17 ont passé avec succès. Cela nous donne la joie. Merci pour votre patience et encore toutes mes excuses et Dieu vous le rende au centuple. Priez pour nous. Merci.
Drabo Monique, soeur de Saint Joseph de Lyon, responsable du Centre Social. »