Chers amis, Nous voici réunis le temps d’une Assemblée Générale, l’occasion de nous retrouver, de s’interroger sur nos actions et d’en faire le bilan. Qu’avons-nous fait de cette année, pour « Terre des Enfants »? Cette année, c’est avec la même détermination chevillée au corps et au cœur que les dizaines de bénévoles ont poursuivi la belle ouvrage humaine construite il y a environ quarante ans. Détermination à faire entendre ce que nous pensons être juste, ce que nous défendons à travers nos actions pour nos enfants du bout du monde. Ouvrir les yeux sur le monde, c’est être lucide. Nous sommes tous touchés par les actes de barbarie perpétrés dans notre pays, en Europe et dans d’autres pays du monde. Chaque fois qu’un être humain tombe sous les coups du terrorisme, ce sont nos valeurs humaines qui sont abimées. Dans cette période traumatisante, il nous faut plus que jamais défendre les valeurs qui nous animent: la solidarité, le partage, la tolérance, la main tendue aux plus faibles d’entre nous. Ces valeurs, nous continuons à les faire prospérer. En prenant par la main les enfants de la désespérance, les bénévoles de « Terre des Enfants » ont la fabuleuse mission de leur redonner de l’espoir. Je souhaite me tourner vers le passé pour saluer celles et ceux qui nous ont précédés. En relisant les papiers officiels de l’association, j’ai une pensée émue pour les personnes dont les noms sont inscrits dans la création de « Terre des Enfants »: Marie Françoise Brunet, Eliane Carrière, Suzanne Fontanieu et Suzanne Grand. Ces personnes, à l’origine de « Terre des Enfants », doivent rester chères à notre souvenir. Le 16 mai 1980, il y a 36 ans, l’association Gardoise « Terre des Enfants » voit le jour sous l’impulsion de ces dames. Elles ont tracé le chemin que nous continuons aujourd’hui. Depuis, les bénévoles se succèdent, s’impliquent pour que des enfants connaissent une meilleure vie que celle à laquelle leur naissance les a destinée. Aujourd’hui, « Terre des Enfant »s est riche d’énergies plurielles qui se rassemblent autour du même objectif: Le sauvetage de l’enfant abandonné. Certes, il n’est pas toujours aisé le chemin de l’humanitaire: Le questionnement y est permanent. Aider, oui c’est bien! mais comment? Nos actions sont-elles toujours en adéquation avec la culture locale des pays où nous travaillons? Est-il pertinent de vouloir transporter notre propre culture dans des pays où elle est souvent incompréhensible? Vaste débat. Les meilleures intentions du monde ne suffisent pas pour aider correctement. Il nous faut apprendre, être dans le respect de l’autre, accepter les erreurs, écouter la différence. C’est pas à pas que le choix se fait, dans la cohérence et l’écoute, hors de toute considération d’ordre philosophique, ethnique, politique ou religieux. Une des valeurs fondamentales de notre réussite est l’engagement de proximité malgré la distance géographique. Oui, nous connaissons tous nos filleuls. Aller dans le pays, rencontrer l’enfant, le connaitre, savoir ses besoins, concrétiser les attentes et pouvoir les transmettre aux parrains: N’est ce pas la plus belle des missions? C’est ce à quoi s’emploient les responsables missionnés qui sillonnent chaque année nos centres, en respectant le principe intangible du bénévolat absolu de leur mission. Avec un engagement indéfectible: Permettre à un enfant, quel qu’il soit, où qu’il soit, de construire sa vie dans la dignité. Là est notre fierté, là est notre force, là est notre Utopie réalisable! Même si le monde nous parait noirci, et parce qu’il peut devenir encore plus noir, il est de notre devoir de poursuivre notre engagement.
« Terre des Enfants » a besoin de toutes et tous. Cette année, certains bénévoles ont quitté la « maison gardoise ». « Terre des Enfants », n’est pas immuable, et la route se différencie en fonction des attentes de chacun. D’autres inlassablement poursuivent la route:
Je salue la responsable de la Roumanie, Séverine Finielz, dont l’action discrète mais efficace permet, depuis 1990, à des enfants d’écoles maternelles de se nourrir chaque jour convenablement. Je salue le responsable du Burkina, Franck Derblum qui, malgré ses contraintes professionnelles, a bien voulu assurer le suivi de nos actions dans ce pays. Aujourd’hui, même si des fragilités subsistent, une évolution positive se fait jour avec une comptabilité dans la transparence. Je salue l’équipe des référents de nos actions à Madagascar: Les projets sont rendus possibles grâce à un sens profond du travail d’équipe, de cohésion, d’entente et de respect mutuels. Je salue l’équipe des responsables parrainages qui, dans l’ombre, règle tous les problèmes inhérents au suivi des enfants dans l’écoute attentive des parrains. J’ai une pensée pour celles et ceux qui nous ont quitté, en gardant jusqu’au bout de leur vie l’engagement enraciné. Je cite entre autres, Odile Delpuech, bénévole du groupe du Vigan pendant 30 ans. Sa famille a respecté son testament moral en remettant des dons après son décès.
Certains partent, d’autres se lèvent. Les partenaires fidèles à « Terre des Enfants » restent nombreux. Principalement, nos partenaires associatifs sans qui rien ne serait possible. Nous constatons que notre enracinement porte ses fruits. « Terre des enfants » est connu, reconnu auprès des mairies, des entreprises, des associations du Gard, des groupes culturels, musicaux, sportifs. Cet enracinement permet de fédérer diverses composantes de notre société sur des valeurs communes en partageant ce qui nous rassemble. Pour perdurer, aider au mieux les enfants, il a été indispensable de réfléchir à des alternatives de fonctionnement. C’est le cas de l’envoi du conteneur à Madagascar devenu quasiment impossible au vu des difficultés notoires (tracasseries administratives et lourdes pénalités de paiement récurrentes). Ce conteneur est remplacé par des achats sur place (avec l’aide financière des parrains et marraines) ce qui permet d’apporter de l’aide au développement de l’économie locale. Les dons en fournitures diverses qui alimentaient le conteneur deviennent sources de revenus : Alimentation pour les ventes en braderies par différents groupes, ce qui permet d’aider ici en France des personnes défavorisées. C’est l’occasion de « tirer notre chapeau » à la dynamique équipe du groupe de Calvisson qui, de braderie en braderie, fait un travail considérable! Ou celui de Nîmes, fidèle depuis près de 20 ans. Sans oublier le travail de fourmis de tous les autres groupes, qui euro après euro, avec opiniâtreté, apporte leur pierre à l’entreprise humaine formidable qu’est « Terre des Enfants ». Partager une certaine vision du monde : plus juste, plus fraternelle : C’est aussi la nécessité de transmettre notre message aux jeunes générations. Qu’il me soit permis de remercier les responsables de clubs de solidarité qui fleurissent dans plusieurs collèges et lycées de Gard , les professeurs qui fédèrent leurs élèves autour de réalisations solidaires. Grâce à eux, des parrainages collectifs se mettent en place. Il restera à chacun de ces jeunes, pour certains des bribes de solidarité, pour d’autres la volonté d’un engagement plus pérenne. Je le souhaite. J’en suis convaincue. La jeunesse est le terreau des prochains bénévoles de TDE. A nous d’y planter les graines de la vigilance. Car c’est là que se trouve l’avenir de « Terre des Enfants ». Et puis, il y a tous ces bénévoles de l’ombre qui œuvrent au quotidien. Le travail de l’ombre est un travail ardu, prenant, fatigant. Sans ces bénévoles, « Terre des Enfants » ne serait rien : Bravo, merci du fond du cœur à chacune, à chacun! Le site internet est toujours actualisé! et très visité! Le bulletin formaté, corrigé, distribué! Les comptes des groupes finalisés! Les compte rendus prêts! Les reçus fiscaux vérifiés et imprimés! TOUS LES MILITANTS SONT BENEVOLES : C’est la plus belle action de fraternité et d’humanité. Et malgré les difficultés, les dons sont là, le rapport financier nous le prouve: Nous avons pu honorer nos engagements cette année encore. Même s’il nous faut être vigilants et faire des choix en conséquence. Il faut, bien sûr, faire preuve d’imagination pour trouver d’autres sources de financement, entre autres : C’est le financement participatif sur internet qui cible des projets précis, ce sont les dons des généreux donateurs qui accompagnent dans la discrétion « Terre des Enfants ». Merci à tous. Au terme de cette Assemblée Générale, chacune, chacun rentrera chez soi. Mais chacun ne rentrera pas seul, car chacun se sait accompagné des forces vives qui gravitent autour de « Terre des Enfants ». Nous savons qu’au bout de notre courage, qu’au bout de notre engagement, des enfants nous attendent, nous espèrent. L’aurore se lève chaque jour. Continuons la route, tous ensemble, avec ténacité, résistance et espoir. Pour ces enfants, nos enfants, avenir d’une humanité que, n’en doutons pas, nous construisons meilleure.
Merci à toutes et tous,
Monique Gracia, présidente de « Terre des Enfants » du Gard