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Des témoignages de voyageurs et de parrains

Témoignage de Michel (Le Ponant): On est parti à Mada….

Ma femme et moi sommes de « vieux routards ».
Nous passons nos vacances depuis de nombreuses années aux quatre coins du monde. Billets d’avion et sac à dos. Mais Madagascar, nous n’osions pas. On nous disait tellement de choses : la misère, l’insécurité, l’insalubrité, les maladies tropicales, l’état des routes, l’obligation de prendre un guide. Enfin bref, depuis 30 ans, nous remettions toujours ce voyage à plus tard. Lorsque nous avons appris que Pamela organisait un voyage avec des adhérents de Terre des enfants, mêlant découverte touristique et visite de nos filleuls, nous avons été séduits. Les appréhensions sur Mada demeuraient mais Pamela est une professionnelle du tourisme, le groupe était sympathique, nous sommes partis confiants.

Le premier contact avec Mada fut cette longue file d’attente pour sortir de l’aéroport. Les douaniers consignent tout à la main et cela prend environ 2 heures. Puis dans l’aéroport quelques personnes qui nous demandent quelques sous mais rien de surprenant par rapport à d’autres pays.
Nous rencontrons notre guide, nous nous enfournons dans un mini bus et gagnons notre hôtel. Il fait nuit. Tananarive ne nous délivre rien de ses quartiers. Il fait frais. Nous arrivons à notre hôtel. Très class. Nous sommes surpris des prestations. Nous qui pensions que nous ne rencontrerions que la misère. Le voyage n’est peut-être pas celui que nous imaginions. Le lendemain, devant l’hôtel je suis surpris du nombre de taxis Renault 4L et 2 CV des années 60. Il est vrai que Madagascar fut un Territoire français d’outre mer jusqu’en 1960. Une colonie…

Départ pour Antsirabe. Dans les rues d’Antananarive, nous voyons des écoles, des magasins, de belles voitures, des vélo-taxis. Une jolie ville. Dans le mini bus, nous sommes ravis. Et puis au détour d’une rue, nous voyons une image qui nous bouleverse. Personne ne relève.
Chacun la garde pour soi. Des enfants sont sur un tas d’ordures en train de fouiller pour y récolter on ne sait trop quoi. De la nourriture, des objets à réparer et à revendre ?. Quoiqu’il en soit cette image m’atteint. Il existe encore des pays où les enfants sont comme des chiens qui vont sur les tas d’ordures pour y glaner quelque chose.

Bien sur, je le savais. Je l’avais déjà vu ailleurs, il y a longtemps. J’avais vu des reportages. Mais là, j’étais à côté d’eux, spectateur, impuissant, révolté.
Le voyage a continué. Cette image je ne l’ai jamais revue. Cette misère, je ne l’ai vue qu’à Tana. Puis, nous avons traversé les Hauts Plateaux. Magnifiques, terres rouges, maisons hautes et étroites, les rizières, les zébus. Et tous ces gens qui travaillent dans les champs, qui cassent des pierres sur le bord de la route en nous offrant leurs sourires et leurs saluts. Je remarque qu’il n’y a aucune machine dans les champs.
La colonisation semble n’avoir apporté que des 4L, des 2CV et des routes. Pas de tracteur. Pour les machines, on devait penser que les bras des Malgaches suffisaient. Ces Malgaches que l’on voit travailler sans cesse du matin jusqu’au soir, pauvres parmi les pauvres, sont d’une gentillesse stupéfiante. Accueillants, prévenants, affables. Certainement mes meilleurs souvenirs de Mada.

Le voyage continue sereinement. On rencontre des lémuriens qui nous prennent la main, un train d’un autre âge qui nous conduit tout doucement près de la mer, encore des lémuriens qui prennent nos bananes délicatement, un Canal de Pangalane d’une incroyable beauté.
Comment se fait-il que ce pays qui a tant d’atouts soit si pauvre ? Une énigme sans réponse.
C’est sur ce canal de Pangalane, dans cet univers magnifique et serein que je me mets à penser à mon rapport avec Terre des Enfants. Je ne suis à Terre des Enfants que parce que notre amie envers qui nous éprouvons respect pour ce qu’elle est et ce qu’elle fait, nous a demandé un jour d’adhérer et de parrainer. TDE n’est pour nous qu’une association caritative parmi tant d’autres. Nous savons que tout l’argent récolté est redistribué ce qui a éliminé toutes celles à qui nous donnions depuis des années et qui ont des frais de structure énormes. Personnellement, je ne suis pas au clair avec les œuvres humanitaires. Sont-elles un bien ou ne sont elles, justement parce qu’elles aident les plus démunis, qu’un frein à tout changement politique ? Je n’en sais rien mais je m’interroge.

TDE est ma bonne conscience pour pas cher. Je ne fais rien de particulier pour les autres, et à peu de frais, un petit bol de riz par ci, une petite soirée dansante par là, et me voilà dans le clan de ceux qui aident. En même temps je sais bien qu’individuellement je ne peux rien faire. La misère et la pauvreté sont tellement immenses. Ma petite obole n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan…
J’en étais là quand nous sommes arrivés en fin d’après midi à TAMATAVE.

Directement nous allons à la maison de Pierre. C’est les vacances à Mada. Les enfants ne sont pas là. Madame Odette nous attend et nous fait visiter le lieu. Que se passe-t-il dans le groupe, d’habitude blagueur et joyeux. ? Avec une gravité certaine nous visitons les lieux. Il y a ici quelque chose qui nous dépasse. Les locaux sont très propres, fonctionnels. La maison est plutôt jolie. Nous rencontrons le médecin qui nous dit comme c’est devenu difficile depuis que les médicaments n’arrivent plus directement de France via les ONG. Dans son petit cabinet où sur une étagère, quelques boites de médicaments et de pansements résident, nous sentons l’absolue nécessité de ce lieu.
A côté de son cabinet nous visitons le cabinet dentaire. Magnifique, dérisoire et absolument indispensable. Nous sentons l’émotion monter en nous mais nous n’en disons rien. Je vois sur la porte de la maison le logo TDE et pour la première fois, alors que je trouvais ce logo plutôt ringard, j’en suis fier. Nous quittons le lieu pour rejoindre le foyer Ste Madeleine.

Il est 17 heures, la nuit va tomber, mais nous sommes reçus par la sœur qui nous explique le fonctionnement du foyer, la difficulté de faire cohabiter des petits et des grands, les difficultés pour gérer financièrement le foyer. Les dortoirs sont gérés par les plus grandes. Pas facile de faire cohabiter des grandes filles avec des soucis de grandes filles avec des petites. Néanmoins, les taches ménagères, ménage, débarrassage, vaisselle, lavage du linge sont pris en charge par les enfants. Nous échangeons nos idées.
Nous regagnons notre hôtel mais nous sommes tous chamboulés. Il se passe vraiment quelque chose

Le lendemain, nous visitons l’orphelinat Maison Antoine. Nous partageons un moment avec les enfants, nous chantons, rions et jouons ensemble. Puis nous allons passé un moment avec Lydia qui nous explique ses difficultés. Nous contenons tous plus ou moins notre émotion. Enfin plutôt moins que plus. L’instant fut très dense émotionnellement. Nous mesurons une fois de plus notre impuissance devant tant de souffrance. Ces petits qui nous montraient tant d’affection, n’attendaient qu’une seule chose : qu’on les emmène.

Puis nous avons vu nos filleuls. Nous avec nos cadeaux et elles, avec leurs sourires. Nous étions tellement timides et empruntés. Comment aller l’un vers l’autre. ? Elles nous ont emmenés chez elles. Une case de 2 mètres sur 3, sans eau, sans électricité, avec juste un lit. Elles y vivent à quatre. Notre ancienne filleule avec son bébé, ses 2 soeurs.
Nous nous sommes assis sur le lit à boire du soda. Un monde nous sépare. Notre ancienne filleule, Clémence, fait vivre tout son petit monde en gagnant 75 centimes par jour. Le parrainage de sa jeune sœur Victoire les aide à survivre. Nous passerons la journée avec elles.
Pour elles et pour nous, c’est un moment magique. Nous leur offrons le repas du midi, des courses dans un magasin, des jeux sur la plage. Nous sommes tout sourire. Elles ont l’air d’être heureuses. Nous aussi. On voudrait leur offrir la terre entière, les sortir de là, les emmener loin de la misère. En promenant, je porte le bébé de Clémence dans les bras. Il est lourd mais je suis très fier. Ce petit malgache est mon petit. Je lui chante des berceuses. Il s’endort dans mes bras.
L’émotion est très forte. Nous sommes déboussolés et pour la première fois, je me sens fier de TDE. Aider un petit, ce n’est rien dans cet océan de pauvreté, mais pour lui c’est énorme. Qu’il puisse aller à l’école, prendre un repas le midi, pouvoir être soigné, c’est essentiel. J’aurai envie d’embrasser tout Terre des enfants si je le pouvais. Ces quelques heures à Tamatave ont été tellement importantes.

Le voyage va continuer, très beau, magique. L’ile Saint Marie, l’ile aux nattes. Un paradis. Mais ma tête est ailleurs. Elle est à Tamatave.
Nous sommes rentrés depuis 2 mois et ma tête est restée à l’orphelinat ou chez Clémence.

On ne sort pas indemne d’un tel voyage. Pour ma part, j’en sors différent, plus convaincu de l’absolu nécessité du travail de TDE. J’encourage tous ceux qui le souhaitent à faire ce voyage.
Hier j’ai rencontré une amie dans un centre commercial. Depuis que je suis rentré, cette profusion de produits à consommer me donne un peu la nausée et me conforte dans l’idée qu’il y a vraiment un souci de répartition sur la planète. Cette amie m’a raconté ses vacances. A Mada, justement. 15 jours de planche à voile dans un hôtel de luxe à Diego Suarez. Elle y retournera sûrement, c’était tellement super.
Moi aussi, j’y retournerai. Mais je ne ferai pas de planche à voile.
J’irai à Tana, avec ou pour TDE. Il y a des choses à faire là-bas, infiniment importantes. Le bébé de Clémence aura grandi et je ne pourrai sûrement plus le porter dans mes bras. Je lui ferai réviser ses leçons de lecture ou de calcul et nous irons jouer sur la plage.

On ne sort pas indemne d’un voyage à Mada mais on en sort grandi.


Dominique, Jean-Luc et Chloé: Un voyage pas comme les autres !!!

Depuis 2 ans, nous voulions partir à Madagascar pour nous rendre compte comment vivent les Malgaches et pour voir notre filleule. Par les soirées bols de riz ou les voyageurs, nous nous faisions une idée mais était-ce bien la réalité ?

Nous optons pour le voyage organisé et nous voilà partis au mois d’août. Au programme, découverte de très beaux paysages de montagnes avec beaucoup de cultures de riz et de légumes autour de la capitale, la terre aidant beaucoup. La fabrique de briques avec des enfants et adultes qui les portent inlassablement toute la journée sur la tête. Mais pas une ou deux ! Une hauteur aussi grande que les bras peuvent en mettre. Voilà notre premier contact avec Madagascar. De fil en aiguille, nous traversons différents villages avec les marchands de tout et n’importe quoi. Il faut vendre pour manger ce soir.

Nous allons vers Tamatave pour voir les centres de Terre Des Enfants et surtout la Maison De Pierre et Femme A Venir qui est sur toutes nos bouches depuis des années. Nous rencontrons d’abord le personnel de l’ONG qui se fait un plaisir de nous faire visiter. Enfin de vraies images qui remplacent des photos. Nous comprenons mieux toutes les questions que nous nous posons. Nous continuons notre chemin vers des plages paradisiaques. Où que nous passions, nous partageons un regard, des sourires, des paroles avec des malgaches qui nous ouvrent les portes de leur histoire personnelle ou non. Et qui nous remercient de passer un peu de temps à les écouter. Le dernier jour est le plus beau ! car nous allons à la rencontre de notre filleule, sa maman, ses frères et sœurs. Nous nous observons et le contact se fait petit à petit. Notre guide Déo Michel nous permet de passer la journée ensemble. Nous voilà partis pour une belle promenade dominant la région de Tananarive et finissant par un pique-nique. Quel plaisir de les voir manger à leur faim du riz et du poulet ! C’est Noël avant l’heure. La maman est contente de nous montrer sa maison ou plutôt la pièce où ils vivent tous les cinq ensemble.

Ce que nous retenons de ce voyage, ce sont les sourires et la communication des malgaches qui n’ont pas de quoi manger tous les jours. La misère est présente partout, les enfants doivent travailler au lieu d’aller à l’école, ils sont pieds nus sur du goudron chaud ou dans les rizières (bref tout le temps). Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des chaussures. Quand ils sont malades, les médicaments sont très chers et on ne peut pas toujours aller chez le docteur. Par contre, si vous voulez les faire rigoler : un Vazaha qui danse, qui chante avec eux, tout le village accourt. Et surtout des bisous sur les joues des enfants, quel bonheur partagé !!!

Nous rentrons en trouvant un tel décalage en France… Nous avons le frigo plein, la lumière et l’eau dans la maison mais un profond mal être.

Le retour est dur et les malgaches me manquent énormément.


Un esprit sain dans un corps sain. Gracia Floréal

A Tamatave, nous avons rencontré un nombre croissant d’enfants parrainés (Souvent des filles), qui pratiquent des activités extrascolaires comme la danse, le judo, le basket, la natation, l’athlétisme…
On est toujours un peu surpris de voir que des élèves arrivent à concilier études et sports, ce qui n’est pas évident dans ce pays qui manque tellement d’infrastructures, Il est évident que ces disciplines procurent confiance en soi et sérénité, en plus de développer harmonieusement le corps.
La Ruche, à Tana, a initié depuis 3 ans des activités périscolaires gratuites avec Mosesy, maitre de danse. C’est formidable de voir des bouts de choux de 9 à 12 ans qui se déhanchent dans le Chachacha, pour pratiquer ensuite la Danse Urbaine en passant par le Rock et le Tango.
Des cours de musique, par la guitare, puis des flûtes, ont démarré.
La petite bibliothèque fait le plein de petits ou grands enfants qui viennent lire et travailler, s’initier à l’informatique dès qu’ils ont un moment pendant les vacances.

Si on pouvait doter chaque centre d’un orgue ….Nous avons des chefs de chœur et des musiciens compétents qui sont prêts à faire quelque chose…On en reparle pour le prochain conteneur.

N’hésitez pas à suggérer à vos filleuls d’avoir des activités sportives ou culturelles, si c’est possible, plutôt que de céder à l’achat du dernier MP 4, dont on peut très bien se passer à 14 ans. Et qui coutera plus cher qu’une paire de baskets, un ballon, un tee-shirt… Peut-être qu’un livre sur le sport, la musique, l’art, la poésie, peut déclencher des vocations.

« La poésie est une arme chargée de futur : l’indispensable n’a pas de nom, ce sont des cris dans le ciel, sur la terre ce sont des actes. »
Gabriel Celaya, Poète Espagnol