Soutien aux orphelinats :
Petits soutiens aux orphelinats : Titao (achat de lait) et Sandeba (nous visitons les locaux : Ils sont bien conçus et propres, mais les lits n’ont pas de draps, les étagères à vêtements sont vides. C’est une image triste d’un orphelinat qui périclite faute de soutiens; nous confions une nouvelle somme d’argent, et enverrons dès que nous pourrons des vêtements et du linge).
A Nouna chez Mme Gnifoa : les enfants vont bien, elle a une nouvelle aide qui fait « travailler » les enfants d’âge maternelle (ils ne rentreront qu’en octobre dans notre classe, en raison de leur âge). Je lui donne un peu de matériel (craies, cahiers, stylos…). Nous voyons des aménagements autour de sa cour : poulailler, jardin, porcherie.
L’orphelinat que Mme Gnifoa dirigera avec son neveu est presque terminé, nous le visitons : Financé par Shalom (ONG italienne) avec entente avec le diocèse auquel le terrain appartient. Ils ont promis aussi de financer le fonctionnement. Plusieurs bâtiments : Dortoirs, réserves, administratif, loge gardien, latrines; s’y ajouteront une clôture, porcherie, un poulailler…. Il faudra du personnel (mais il ne faudrait pas compter seulement sur le bénévolat).
Au Foyer :
Le forage : quand nous arrivons, l’eau coule avec la pompe manuelle, un des deux châteaux d’eau est fait ; un soudeur Issa, vient de Ouaga avec nous, pour faire la seconde partie pour les 2 « tanks » de 2000 litres (on n’a pas trouvé de 5000 litres) qui ont littéralement fait le tour de la province en camion avant d’arriver; on attend l’intervention du technicien hydraulique, on hisse les tanks, après discussions; il faudra les redescendre après visite du technicien, ils n’étaient pas dans le bon sens… on doit toujours faire face à la nouveauté, car de tels matériels ne sont pas souvent utilisés. On place le moteur électrique de la pompe (indispensable pour remplir les tanks qui répartiront l’eau sous pression dans les points d’eau).
Sans atelier, avec le poste du Foyer, le soudeur fabrique le second château, mais aussi : 2 portails, une charrette (il travaille de jour et de nuit, assisté par des jeunes du Foyer, hébergé et nourri par la famille Kouda…).
Le plombier venu faire les raccords avec le système de distribution, nous crée des difficultés : Il chaparde tout l’outillage qu’il peut; heureusement Georges s’en est aperçu et a donné aux enfants la consigne de retirer dans sa musette tout ce qu’il y a mis. Il traîne plusieurs jours pour ne pas finir avant notre retour à Ouaga et avoir le champ libre, mais il est prévenu qu’il ne reviendra qu’en présence de Georges. Après coup, nous réalisons qu’il n’est pas foncièrement pourri : Il sous traite le chantier que nous avons signé avec un plus gros, et il a dû accepter un prix insuffisant. C’est une leçon : Il est indispensable d’enseigner des bases de gestion (dans notre formation agricole) et notre étudiant en gestion Malick en sera est chargé.
Vite, Georges lance la pépinière de légumes (salades, aubergines, oignons…).
Un menuisier est venu aussi : dans les mêmes conditions, il fabrique avec du bois de récupération des tabourets pour la maternelle (la commande de chaises et de table ronde n’arrivait pas !), un lit, une boite à pain…
Après mon départ, l’entreprise de forage est venue « souffler » mais comme l’eau n’était toujours pas claire (elle est malgré tout excellente) le bureau de suivi a imposé un nouveau creusage plus profond (on s’était arrêté à 40 m).
Réunion ordinaire avec les enfants du Foyer, qui règlent les problèmes de discipline et d’organisation… Je leur parle des « petits frères » de la maternelle (que nous venons d’installer à côté du dortoir des filles); je leur présente les vœux de TDE, les photos des Gauduel; on fait une minute de silence pour Paul Carrière et Paulette Cavalerie (qui avait financé le dortoir des filles).
Le niveau des études dans les établissements est inégal, les élèves du Foyer qui en fréquentent plusieurs différents ont la grande chance de pouvoir partager : Ils ramènent leurs rares devoirs corrigés et travaillent ensemble pour augmenter leurs chances…. Voilà pourquoi les tableaux sont remplis chaque soir. Ils ont des dictionnaires qui leur permettent de pallier les insuffisances des cours, les fautes d’orthographe de leurs polycopiés.
Mais je rencontre diverses situations, cruelles : Pauline double sa 1ere littéraire au lycée provincial (120 élèves, seulement deux notes pour l’année, pas de devoirs corrigés…) mais elle est la seule de cette section au Foyer. Si elle échoue, sans formation professionnelle disponible, elle devra retourner au village ; ses parents sont morts, ses frères sont jeunes, les oncles décident de son sort, on parle de la marier avec un paysan… Que deviendra-t-elle ? Seul un parrainage la sauverait.
Ismaël a été chassé de sa classe de 6ème car le paiement de sa scolarité (prise en charge par une association qui nous l’a confié) a pris du retard, il reste au Foyer, désoeuvré… Mais Georges est intervenu.
Le frère aîné des « grands » jumeaux parrainés déserte l’école, sa mère se désespère, car ses oncles ne prennent pas le relais; elle voudrait qu’on le prenne au Foyer. Ce n’est pas le but, mais Georges va l’accueillir pour le faire travailler chaque jour (jardin, soudure…) et on pourrait l’accueillir prochainement à la formation agricole. Mais la maman revient, elle est allé voir un féticheur, a payé pour faire un « sacrifice » il a parlé d’une femme qui lui nuirait par son regard… Bon, le garçon a accepté de reprendre la classe mais dans une autre école…
Pour la formation agricole :
Visite au Collège Agricole de Nanoro.
Belle structure mais pas « rentable » trop peu d’élèves s’y inscrivent (des classes d’enseignement général ont été créées pour rentabiliser l’établissement) et elle passe à côté de son but : le CAP= BEPC. Les élèves poursuivent en fait des études d’enseignement général, passent des concours… Pas de retour possible à la terre. Une agriculture «moderne» mais coûteuse en investissements (volailles hors sol, irrigation, machinisme…) ambitieuse : BEP, bac pro. Il y aura peut-être un marché du travail si de grands domaines se créent, mais cela nous semble hypothétique. Bilan : au mieux pour les anciens élèves cela constitue un complément de revenus.
Visite à la MFR de Yako : une structure plus légère, créée avec l’aide des MFR françaises et l’AFDI. Si nous adhérions on nous offre de former nos moniteurs. Mais le cadre impose une implication importante des communautés villageoises, des parents d’élèves, et peu de temps de formation : 4 jours/mois, compensé par un suivi dans le cadre des villages. Ce n’est pas ce que nous cherchons à mettre en place : Cette agriculture nous apparaît peu performante, permet-elle d’améliorer les conditions de vie et de revenus ?
Nous visitons l’ARFA à Fada N’Gourma : cet organisme, soutenu par plusieurs bailleurs (et par nos amis d’AVSF) impliqué dans le projet Moringa, forme par des stages des paysans et des femmes (groupements) : Une agriculture agroécologique, agropastorale, agroforestière, qui nous intéresse beaucoup. Elle exige peu de moyens matériels, et surtout elle est « durable » : Emploi de compost, lutte biologique contre les maladies et insectes, protection et réhabilitation des sols contre l’érosion… On y donne une part importante à la gestion : Cahiers de cultures, mais aussi de comptes, sensibilisation aux filières de commercialisation.
On pratique pour les écoles primaires l’éducation environnementale, le Centre peut accueillir des stagiaires ou envoyer des formateurs sur site (nous prenons note des tarifs). Ses difficultés résident dans le manque d’éducation scolaire des élèves, qui ont aussi du mal à se démarquer des pratiques habituelles, ce qui demande beaucoup de sensibilisation, le manque de terres disponibles (ce n’est pas un problème dans la région de Nouna), la récupération des prêts de matériel.
Rendez-vous avec M Winson Gaoabaga, un inspecteur de l’enseignement, directeur de l’enseignement non formel. Il apprécie notre projet de formation agricole, nous donne quelques pistes : Mais il n’existe pas de modèle. Il nous aiguille sur le ministère de l’emploi et de la jeunesse qui concerne l’âge de nos futurs élèves, avec peut-être des aides; il promet aussi son soutien, moral s’entend, car pour avoir le financement de l’alphabétisation (un volet de notre formation) au bout de 3 ans d’exercice, il faudrait ouvrir pas moins de 10 centres dans les villages environnants : « Autant dire qu’on ne veut pas nous aider » dit Georges qui me dit aussi « tu serais découragée de voir combien d’argent est détourné par ces projets d’alphabétisation, les résultats sont très décevants ».
Echanges de vues avec les grands du Foyer : Ils sont impliqués dans ce projet, ils ont commencé à faire une enquête dans leurs villages d’origine pour connaître les besoins en formation des jeunes. Ils nous aident à comprendre que, pour permettre aux paysans de progresser, ils ont besoin non seulement de formation mais aussi de matériel pour élever leur niveau de revenu : Charrue, âne, outillage.
Conclusion : Un collège exige un cadre matériel normatif très coûteux (bâtiments, terrains, infrastructures…), avec peu de rentrées prévisibles en scolarités. Le secteur informel permet un cadre plus adapté à nos moyens. Mais une MFR s’inscrit profondément dans le milieu rural et nécessiterait un travail de sensibilisation constant qui n’est pas à notre portée, et apporte un enseignement d’un niveau peu ambitieux.
Nous devons innover, en créant dans le secteur informel une formation assortie d’une alphabétisation pour une part des élèves, un recrutement au niveau fin de primaire ou secondaire pour une autre part.
Nos moyens : salle EDEN, bâtiments pour internat, plusieurs terrains agricoles; productions lucratives possibles. Personnels : Seydou technicien agricole bientôt retraité très motivé, des grands qui peuvent devenir moniteurs (formation sur le tas), Georges est très intéressé si nous pouvons le décharger d’une part de son travail pour Accueil.
Pour la mise à disposition de matériel, on imagine un système de gain de points (selon la contribution aux travaux agricoles et autres sur EDEN) et une garantie morale encadrée par nos jeunes étudiants, qui sont partie prenante (tontine, repérage des projets personnels, sensibilisation…).
Il y a déjà une vraie attente des familles des mendiants pour une formation (l’artisanat n’est pas performant), mais aussi des parents de collégiens de Nouna. Nous aurons deux publics différents, il faudra opter pour une priorité, calculer les coûts et les ressources pour fixer un tarif de scolarité (avec des parrainages possibles pour els nécessiteux) décider si nous commençons avec un internat. Sans nous mettre la pression pour commencer à la rentrée.
La Maternelle EDEN :
Elle était née après une formation d’une semaine et sélection de 4 moniteurs en octobre. Mais je l’ai trouvée mal organisée avec 2 classes simultanées le matin, avec du coup une pénurie de meubles, de matériel, des locaux inadaptés, des moniteurs débordés. L’instituteur « ami du Foyer » ne leur a pas apporté l’aide promise, a fait un mauvais recrutement, a pris des enfants trop jeunes.
Alors je reprends tout avec les moniteurs, il faut revenir au double flux (une classe le matin une autre l’après midi dans les mêmes locaux et on échange chaque semaine) comme nous avions décidé au départ.
Nous organisons une réunion de sensibilisation des parents : On ne prendra que les enfants pouvant entrer en octobre prochain au CP1 (nés en 2003/ 2004, et 1er trimestre 2005). Limitation à 2 classes de 24 élèves (on se résoud à exclure jusqu’à octobre quelques enfants : Acceptation générale, mais tentatives de négociations ensuite). On leur demande 100FCFA/mois pour participer à l’inscription en octobre au CP : Il faut les responsabiliser et donner de la valeur à ce que nous faisons, sans que cela pèse sur le maigre revenu de ces familles nécessiteuses. Ils montrent beaucoup de reconnaissance, car nous offrons aux enfants un goûter quotidien et une visite médicale.
Avec les moniteurs, 10 jours intenses de travail en situation. Nous avons réglé les problèmes d’organisation en premier et ils ont fait un constat de mieux immédiat : Les enfants passaient trop de temps à attendre en se chamaillant, je mets en place d’autres formes d’organisation en groupes. Bernadette et Dahouda, Pierrette et Denis se complètent bien, ils ont de bonnes qualités d’implication, un bon contact avec les enfants, ils montrent des ressources personnelles. J’apporte des outils (groupes, cahiers, rangements….), on reprend le travail sur les chansons et contes, les jeux éducatifs, je leur montre la pâte à modeler, le collage, la peinture (j’apporte des pastilles dans ma valise). J’élabore avec eux une évaluation des enfants (crédibilité pour les parents, objectifs pour les moniteurs).
Je travaille avec les enfants, qui sont comme partout : demandeurs, impatients, éveillés, avec des individus en difficultés (milieux très démunis, enfants livrés à eux-mêmes). Et, un peu avec les mains, beaucoup avec leur intelligence, tant dans les activités que pour les rondes et jeux chantés, on se comprend !
J’assure le déménagement dans le week-end avec les enfants du Foyer, j’organise du mobilier aux cahiers, en passant par les armoires de rangement des jeux et du matériel. On démarre la semaine avec double flux, dans une nouvelle classe (le local à côté du dortoir des filles).
Un point encourageant : Le projet des parents de former une APE, qui encadrera le travail de santé du Dr Flaissier en février.
En complément: On fera un accueil payant pendant les vacances scolaires de juin à septembre (Pour faire travailler les moniteurs et ouvrir encore des places en préparation au CP).